Nourriture et Climat

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Etude de cas d'un pays industrialisé: l'Espagne 

Ce qu'il faut savoir: En Espagne, le secteur de l'agriculture est le premier "utilisateur" de la terre en terme de surface, puisque 50% des terres du pays sont cultivées, et le premier "consommateur" d'eau (60% de l'eau consommée en Espagne l'est pour l'agriculture). 

En comparaison avec la plupart des autres pays européens, l'Espagne est davantage soumise aux variations météorologiques interannuelles: la production agricole dépend de facteurs physiques (qualité des sols, des terrains, du climat) qui y sont en grande partie moins favorables à un usage agricole. La production agricole espagnole peut varier de 20% d'une année sur l'autre, de part les fluctuations des conditions météorologiques.

On s'intéresse de plus en plus aux possibles conséquences négatives que pourrait avoir le réchauffement climatique sur la production agricole en Espagne. Les scientifiques essayent de modéliser les impacts potentiels du réchauffement sur la production agricole espagnole, d'un point de vue national et régional.

Problème: L'Espagne connaît des changements rapides de son secteur agricole, des sollicitations croissantes de ses ressources en sols et en eau, et de plus en plus de pressions sur l'environnement. L'estimation des impacts du réchauffement climatique sur l'agriculture nationale devrait aider les acteurs de ce secteur à se préparer dès aujourd'hui à y faire face. Le but des modèles est de comparer la production agricole des différentes régions du pays pour savoir comment répartir les terres à cultiver dans le futur.

Méthodes: Des modèles agricoles intégrés à des outils informatiques appelés "systèmes d'aides à la décision" sont utilisés. Ils permettent d'évaluer la productivité des cultures en testant les différents avantages économiques tirés des changements subis (du climat, de l'économie...), en fonction des options de techniques agricoles choisies. 

Scenarios: Le climat des années 2050 a été estimé à l'aide d'un modèle de circulation globale (GCM en anglais) par le Centre britannique Hadley. Dans ces simulations du climat futur, l'effet des gaz à effet de serre augmente régulièrement avec le temps (augmentation de 1% des gaz, en équivalent CO₂).

Ce scenario est appelé GC. Une autre simulation inclue, en plus des augmentations de CO2, les effets refroidissants des aérosols de sulfate; ces particules ont en effet plutôt tendance à refroidir le climat en réfléchissant directement vers l'espace une partie des rayons solaires qui ne pénètrent ainsi pas jusqu'à la surface de la planète. Cette deuxième simulation est appelée GS.

Résultats: Malgré les incertitudes liées à l'utilisation de tels modèles, on s'aperçoit clairement que même dans le meilleur cas (GS), la production agricole est diminuée dans les régions centrales de l'Espagne, qui sont les régions les plus productives. En conséquence, il est vraisemblable que la production agricole de l'Espagne baissera à cause du réchauffement planétaire. Sachant que les coûts de production actuels sont élevés, et que les ressources en eau pour l'irrigation sont variables, il est probable que les cultures seront abandonnées dans certaines régions, particulièrement au centre du pays. A moins que des changements importants des techniques de production agricole soient mis en place. 

Auteurs:  Marta Moneo et Ana Iglesias- Universidad Politécnica de Madrid - Espagne
1. Relecteur scientifique: Alex de Sherbinin - CIESIN, Columbia University - USA
2. Relecteur scientifique: Lily Parshall - Goddard Institute for space studies, Columbia University - USA
Relecteur pédagogique: Emilio Sternfeld - Colegio Virgen de Mirasierra - Espagne
Dernière version: 12/05/2004